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Tout de suite nous allons voir comment les gens réagissent quand on les traite différemment des autres…
Cet article est la suite des articles précédents dans lesquels je parlais de l’effet Pygmalion. Je le rappelle, l’effet Pygmalion est lié aux « prophéties auto-réalisatrices ».
L’idée, c’est que quand on s’attend à ce que quelqu’un réagisse d’une certaine façon, on se comporte d’une telle façon qu’il va effectivement se comporter de la façon dont on s’attendait à le voir réagir !
Nos attentes sont alors confirmées ! Alors que si nous n’avions pas eu ces attentes, l’autre personne se serait sans doute comportée différemment !
A l’origine, l’effet Pygmalion est étudié par les chercheurs dans un contexte scolaire : entre un enseignant et ses élèves.
Mais on peut facilement faire le parallèle avec d’autres domaines de notre vie, par exemple le monde du travail…
En effet, si un responsable d’équipe s’attend à ce que son équipe échoue, il va contrôler excessivement celle-ci, il va intervenir dans les décisions au point d’empêcher un bon fonctionnement, il va mettre en place des procédures de contrôle qui vont alourdir et retarder le travail, il va se focaliser sur les erreurs au point de décourager son équipe, etc.
Je ne vais pas tout détailler, mais je pense que vous voyez l’idée…
Au final, le cadre « inquiet » va aggraver la situation et son équipe risque d’échouer là où elle n’aurait pas échoué normalement…
C’est pareil dans un couple, quand l’un des membres du couple est jaloux et pourrit la vie de l’autre à cause de cette jalousie… A la longue, à force d’écœurer son partenaire, le conjoint jaloux finit par avoir de VRAIES raisons de s’inquiéter…
Nous avons vu dans les articles précédents comment se forment les attentes qui sont à l’origine d’un comportement différentiel… c’est-à-dire d’un comportement dans lequel on traite les personnes (ou un groupe de personnes) différemment selon les attentes qu’on a formées à leur sujet… On a vu aussi à quoi peut ressembler ce comportement différentiel.
L’effet Pygmalion, dans le cadre de conséquences réelles, se produit en 3 étapes…
La formation des attentes et le comportement différentiel sont les 2 premières étapes.
Il nous reste à voir la 3ème étape : comment les gens réagissent à ce comportement différentiel, et comment la « prophétie » finit par se réaliser…
C’est ce que nous allons voir dans les lignes suivantes…
Et juste après j’aborderai la question de la PERCEPTION liée aux attentes. En effet, la prophétie liée aux attentes ne se réalise pas toujours CONCRÈTEMENT… Il arrive aussi qu’elle se réalise simplement DANS LA TÊTE de la personne qui a formé des attentes…
(Si ce n’est pas clair, ne vous inquiétez pas, on verra ça dans quelques lignes…)
A ce sujet, j’ai souvent été surpris par le manque d’objectivité de certaines personnes :
Ces personnes se font d’abord une idée précise (et définitive) de leur interlocuteur, de façon arbitraire. Puis elles vont relever tous les éléments qui vont prouver leur premier jugement, et pour cela elles vont complètement ignorer tous les éléments qui tendraient à prouver le contraire !
D’ailleurs, nous serions tous plus ou moins comme cela…
Et c’est pour ça qu’on dit que les 3 premières secondes d’une rencontre sont importantes et décisives… Nous portons souvent un jugement arbitraire en 3 secondes, à partir de l’apparence de l’autre… Les minutes qui suivent, nous ne les utilisons que pour trouver des preuves et renforcer notre jugement initial…
Ce manque d’objectivité m’a sidéré un jour en entreprises…
Pour être bref, disons qu’un des collaborateurs s’appliquait à réaliser son travail avec soin, mais souffrait d’une « mauvaise image» auprès de ses collègues.
Ce collaborateur était une personne appliquée dans son travail, mais malheureusement pour lui il avait des différences de points de vue sur certains sujets, qui n’étaient pas forcément liés au travail.
Et cela avait suffi à ce que ses collègues (et le chef) se fassent une idée négative de lui, et viennent à lui reprocher son comportement : nonchalance, manque d’intérêt dans son travail, etc.
Malheureusement ces jugements étaient erronés… Ses collègues et sa hiérarchie se fiaient à leur premier jugement, et à des apparences trompeuses qui venaient toutefois leur apporter des « preuves »…
Après un grave clash, ce collaborateur est venu voir son supérieur pour calmer le jeu. Il a simplement DIT qu’à l’avenir il allait s’appliquer à satisfaire sa hiérarchie et son entreprise…
Suite à cela, il a continué à travailler de la même façon, sans rien changer à ses habitudes (mais toujours en s’appliquant dans son travail). Et la suite je la trouve incroyable…
Ce que je trouve incroyable, c’est que suite à cette entrevue dans laquelle il avait promis de satisfaire sa hiérarchie, la représentation et les attentes de cette hiérarchie avait changé…
Tout à coup elle VOULAIT voir en lui un élément qui s’impliquait…
Et quelques semaines plus tard, elle lui dit : « On aime bien le ‘nouveau-toi’ ».
Pourtant IL N’Y AVAIT PAS de ‘nouveau-toi’, mis à part dans leur tête.
Je le sais parfaitement parce que j’étais témoin de tout cela…
Après, vous pourriez dire que c’est moi qui manque d’objectivité… Pourquoi pas…
Ce petit exemple je vous l’ai donné pour évoquer l’importance des perceptions qui sont liées à nos attentes. Je reviendrai dessus dans les lignes ci-dessous…
Mais parlons maintenant de l’effet Pygmalion à l’école. Et parlons surtout de la façon dont les élèves perçoivent les comportements différenciés de leurs enseignants.
D’après les études, ces différences, les élèves sont capables de les percevoir dès l’école primaire…
Ils percevraient les différences dans les feedback et les attitudes de leur enseignant… Ainsi les « attentes faibles » (les élèves pour lesquels l’enseignant a des attentes faibles) trouvent qu’ils reçoivent plus de feedback négatifs, et plus d’injonctions relatives aux règles à suivre… Ils trouvent aussi qu’ils disposent de moins d’autonomie que les autres…
Cette différence, ils la ressentent aussi dans le climat émotionnel… Les « attentes faibles » trouvent qu’ils reçoivent moins de soutien affectif. Et les élèves les plus âgés remarquent des différences subtiles dans le langage non verbal de l’enseignant (expressions du visages, position du corps), en fonction des élèves auxquels celui-ci s’adresse (« attente faible » ou « attente forte »)…
Du coup, on peut se demander quelles sont, pour l’élève, les conséquences des attentes de l’enseignant…
Effet Pygmalion : Quelles sont les conséquences des attentes de l’enseignant pour l’élève ?
Les attentes de l’enseignant ont généralement des effets sur quatre caractéristiques des élèves :
- leur développement intellectuel,
- leur performance scolaire,
- leur concept de soi,
- et enfin leur motivation.
Par exemple, si un enseignant sollicite plus souvent un élève et s’il lui donne des feedback positifs (cas des « attentes fortes »), alors l’élève prendra confiance en lui et gagnera en estime de soi. L’élève aura donc un meilleur « concept de soi scolaire », c’est-à-dire qu’il aura une meilleure estime de ses compétences dans le domaine scolaire…
Par ailleurs, le traitement différentiel influencerait beaucoup la motivation des élèves, et pourrait notamment nuire à celle-ci…
En effet, comme nous l’avons vu, l’enseignant n’a pas les mêmes feedback en fonction des élèves et de ses attentes.
Or certains types de feedback font baisser la motivation : ce sont les feedback qui visent à contrôler le comportement de l’élève, les feedback négatifs, et les feedback qui ne concernent pas la performance de l’élève…
Tout cela, ce sont les conséquences RÉELLES sur l’élève…
Mais comme je l’ai dit plus haut, les attentes de l’enseignant ne se produisent pas toujours RÉELLEMENT… Parfois elles se produisent juste dans la tête de celui-ci…
C’est ce qu’on va voir tout de suite…
Effet Pygmalion : Comment les attentes de l’enseignant influencent ses perceptions
D’après certains auteurs, les attentes de l’enseignant se confirmeraient plus dans son esprit que dans les faits…
Ce serait plus une question d’appréciation, qu’une véritable question de performance.
Et on rejoint la petite histoire que je racontais tout à l’heure et que j’ai moi-même vue en entreprise…
L’idée, c’est que quand un enseignant forme des attentes au sujet d’un élève, ces attentes influencent ensuite les PERCEPTIONS de cet enseignant…
Ce qu’il se passe alors est simple…
Quand certaines informations confirment les attentes de l’enseignant, celui-ci va y prêter attention et leur accorder plus de crédit…
A l’inverse, il minimisera les informations qui viendraient contredire ses attentes…
Les notes que l’enseignant donne à l’élève dépendent en partie de son jugement. Or son jugement pourrait être influencé par ses a priori… faussant ainsi (légèrement ou non) les évaluations de cet enseignant…
Je me suis moi-même posé la question quand j’étais élève au collège :
Une fois par trimestre, nous avions des contrôles qu’on appelait « épreuves communes ». Ce que ces contrôles avaient de particulier, c’est qu’ils étaient réalisés par l’ensemble des élèves du collège et corrigés par l’ensemble des professeurs du collège.
Autrement dit, contrairement aux contrôles habituels, nous n’étions pas notés par des enseignants qui nous connaissaient.
Or dans ces épreuves les notes variaient plus que dans les contrôles habituels. Étrangement. Dans mon cas, il arrivait que les notes soient moins bonnes que d’habitude, notamment en français. Je vois notamment quatre explications à ce phénomène…
La première, c’est que les épreuves étaient tout simplement plus difficiles… ou notées plus sévèrement…
La deuxième, c’est que je perdais moi-même une partie de mes capacités à cause du stress lié au caractère exceptionnel de l’épreuve…
La troisième, c’est que les épreuves n’ayant pas été écrites par mes professeurs, elles devenaient un peu plus difficiles car le « style » de l’épreuve changeait un peu de celui auquel j’étais habitué (ce « style » m’était inconnu).
Enfin, la quatrième explication, c’est celle qui nous intéresse….
Dans le cas des contrôles hebdomadaires habituels, je pense que quand je réussissais mon contrôle moins bien que d’habitude, mon professeur habituel me notait PEUT-ÊTRE moins sévèrement qu’il ne l’aurait fait avec un élève qu’il avait l’habitude de voir échouer… Ce qui empêchait ma note de trop descendre…
Or dans les épreuves communes, le professeur qui corrigeait ma copie ne me connaissait pas et me notait donc sans a priori… Le risque de voir ma note descendre était certainement plus grand…
Voilà l’impression que j’ai eue plusieurs fois… Mais j’ignore si celle-ci était exacte…
Quoiqu’il en soit, des études sont venues prouver que dans certaines conditions les enseignants avaient tendance à sur-noter les élèves.
C’est le cas par exemple quand un enseignant pense fortement qu’un élève est enclin à travailler et à faire des efforts. Les attentes de l’enseignant sont alors élevées en terme d’efforts… et les notes se retrouveraient (d’après les études) « trop » élevées : objectivement, le comportement de l’élève ne justifierait pas une note aussi bonne…
Résumons rapidement l’effet Pygmalion : les attentes d’un enseignant peuvent influencer les perceptions de celui-ci, mais aussi les comportements réels de ses élèves.
Mais il y a un dernier point que nous n’avons pas encore vu en détail : ces attentes ont-elles une influence véritable ?
Quel est le degré d’influence de l’effet Pygmalion ?
Quels sont les facteurs qui font varier cette influence ?
Je répondrai à ces questions dans le prochain article, le dernier de cette série sur l’effet Pygmalion.
Mais vous pouvez déjà trouver la réponse dans la fiche de synthèse que j’ai préparée sur l’effet Pygmalion.
Cette fiche, vous pouvez la recevoir TOUT DE SUITE par e-mail, en remplissant ce formulaire :
Amira écrit :
Pour moi c’est plutôt le contraire, il faut que mon prof me rabaisse devant tout le monde pour que je le prenne comme défi et le relever comme ça je l’humilie comme il l’a fait devant tout le monde 😀