Victime d'un manipulateur ?
Comment reconnaître un manipulateur : Faites le test maintenant !
Dans les lignes qui suivent, je vais parler de l’influence que nous pouvons avoir sur les comportements des autres (et leurs résultats), simplement en changeant notre attitude vis à vis d’eux…
En effet, l’image que nous avons des autres et la façon dont nous nous comportons avec eux peuvent modifier leurs propres résultats…
Prenons par exemple le monde du travail.
Une personne qui gère une équipe adopte souvent l’une de ces deux attitudes :
- soit elle privilégie la confiance, les encouragements et les félicitations (Cette personne oriente les discussions vers les AMÉLIORATIONS possibles quand elle est déçue par le travail de son équipe)…
- soit elle privilégie la méfiance, les reproches et les sanctions (Elle se concentre sur les points décevants d’un travail, et oublie les points positifs)…
Personnellement, j’invite à adopter la première attitude, celle de la confiance. C’est une attitude qui me semble plus positive et plus efficace sur le long terme. Elle permet de travailler dans une meilleure ambiance, notamment.
Et c’est quand même mieux de travailler dans une bonne ambiance, non ?
Je pense que cette première attitude, qui repose sur la confiance, est le meilleur choix possible quand on veut développer des relations assertives… c’est-à-dire des relations dans lesquelles les gens se parlent franchement et se respectent mutuellement.
Quand on adopte cette attitude, les gens se remuent parce qu’ils en ont SINCÈREMENT L’ENVIE, et parce qu’ils veulent SINCÈREMENT faire de leur mieux.
On ne peut pas en dire autant de la deuxième attitude, celle qui repose sur la méfiance et la sanction…
En effet, devant le risque d’une sanction, l’équipe va cacher certaines choses petit à petit, par peur de cette sanction. Une attitude basée sur la méfiance va donc entraîner des mensonges (avec leurs conséquences plus ou moins graves)…
Les reproches continuels vont faire baisser la motivation de l’équipe. Celle-ci perdra son esprit d’initiative (parce qu’elle aura peur d’être critiquée). A terme les personnes les plus vulnérables perdront estime et confiance en elles.
Un tel contexte professionnel favorise la délation, et les croches-pieds entre membres de l’équipe…
Quand on adopte une telle attitude, ce qui fait que les gens se remuent, ce n’est plus l’envie, mais la PEUR !
Si au premier abord cette attitude semble donner des résultats efficaces, elle ne fonctionne pas bien sur le long terme…
L’ambiance devient mauvaise, les gens gaspillent leur temps à se plaindre, et finissent pas démissionner… C’est ce que j’ai pu observer en entreprise…
J’aimerais vous citer Charles Schwab (1862 – 1939) à ce sujet. Charles Schwab était un magnat de l’acier qui a su faire de son entreprise le deuxième plus grand fabriquant d’acier de son époque aux États-Unis :
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« Je considère mon pouvoir d’éveiller l’enthousiasme chez les hommes comme mon capital le plus précieux. C’est en encourageant l’individu qu’on révèle et développe ses meilleurs dons. »
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« Rien ne tue davantage l’ambition d’un homme que les critiques de ses supérieurs. Je ne réprimande jamais personne. Je crois qu’il vaut mieux stimuler, donner aux êtres un idéal à atteindre. C’est pourquoi je suis toujours prêt à louer et je déteste gronder. Si je trouve une chose bien faite, j’approuve sincèrement et je prodigue les compliments. »
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« J’ai beaucoup voyagé. J’ai rencontré une foule de gens de tous les rangs et de tous les milieux, mais je n’ai pas encore trouvé l’homme qui ne s’appliquât davantage et ne fît meilleure besogne sous l’influence des encouragements que sous celle des critiques. »
Voici ce dont je vais parler dans la suite de cet article :
Quand on porte un regard positif sur une personne, et qu’on croit en ses capacités, alors on lui donne l’autorisation de nous les démontrer.
Par exemple, si un responsable croit en les capacités de son équipe, alors il y a de grandes chances que cette équipe réalise ce qu’il lui a demandé. Et l’inverse est vrai…
On parle d’ « effet des attentes », ou encore d’« effet Pygmalion ».
L’idée de l’effet Pygmalion, c’est que les impressions, les croyances et les attentes que nous avons vis à vis d’une personne peuvent orienter nos pensées et nos comportements envers cette personne, et en retour influencer les pensées et les comportements de celle-ci…
Cet effet Pygmalion a été étudié dans le cadre de l’enseignement : ce que pense un enseignant sur son élève pourrait influencer les résultats de son élève !
Je pense que cet effet Pygmalion, s’il existe entre enseignants et élèves, peut exister dans d’autres contextes… par exemple en entreprise, entre un responsable et son équipe.
Il pourrait aussi exister en famille… Comme j’en ai déjà parlé sur ce site, nos parents participent à la création de nos propres croyances : « Je suis nul. », « Je suis bon dans ce domaine. ». Et ces croyances ont des conséquences sur nos actes… et nos résultats.
Arrive alors cette question :
Dans ce que nous sommes aujourd’hui, qu’est-ce qui est la conséquence des perceptions, croyances ou attentes des autres (nos parents, nos enseignants, nos responsables, nos pairs, etc.) ?
Quelles ont été leurs influences (positives ou négatives) sur nous et nos résultats ?
Pour le comprendre, regardons l’effet Pygmalion de plus près…
Pour certains chercheurs, l’effet Pygmalion expliquerait les inégalités sociales et culturelles en matière de réussite scolaire. Et par la même occasion, ce phénomène pourrait devenir un remède à ces inégalités…
D’autres chercheurs, plus sceptiques, contestent cette idée ; pour eux, les attentes d’un enseignant ne pourrait pas influencer le parcours scolaire de ses élèves…
La vérité est certainement entre les deux. C’est ce que les études tendent à prouver, et c’est ce que nous allons voir tout de suite…
Ce genre de phénomène a d’abord été étudié par un certain Robert Merton, qui parlait de « prophétie auto-réalisatrice » dès 1948. (« self-fulfilling prophecy » en anglais)
Une prophétie auto-réalisatrice, c’est quand une croyance erronée conduit à sa propre réalisation.
Mais l’étude qui a fait beaucoup de bruit, c’est l’étude de Rosenthal et Jacobson. Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont fait l’expérience suivante :
Il ont fait passer des tests de QI (« Quotient Intellectuel ») à des élèves. Les résultats des tests de QI étaient bidons, mais les chercheurs se sont arrangés pour que les enseignants tombent dessus « par erreur ». Le but, c’était de faire croire aux enseignants que certains de ces élèves avaient de grandes chances de faire des progrès importants pendant l’année. Ces élèves, ils les appelaient les « prometteurs ».
En réalité, ces élèves n’avaient rien d’exceptionnel par rapport aux autres élèves de leur classe. Il avaient été choisis au hasard, tout simplement…
Ce qui est troublant, ce sont les résultats des tests de QI suivants, ceux qui ont été faits en fin d’année :
Les « prometteurs » obtenaient alors RÉELLEMENT des résultats plus élevés que les autres enfants !
Autrement dit, la prophétie s’était accomplie : on avait fait croire aux enseignants que ces élèves feraient de plus grands progrès, et d’après ces nouveaux tests, c’était bien ce qui était arrivé !
C’est cette prophétie auto-réalisatrice que les chercheurs ont appelé l’« effet Pygmalion ».
Pour la petite histoire, Pygmalion était un sculpteur chypriote de l’Antiquité qui, d’après la légende, aurait créé une statue de femme si belle qu’il avait fini par en tomber amoureux. Il demanda alors aux dieux de donner vie à cette statue et son vœu fut exaucé par la déesse Aphrodite.
L’étude de Rosenthal et Jacobson fut très controversée. Et deux camps se sont ainsi formés : les (trop ?) enthousiastes et les (trop ?) sceptiques, comme je l’ai écrit plus haut.
Voici 3 choses qui dérangent les sceptiques dans l’expérience de Rosenthal & Jacobson :
- L’expérience ne s’est intéressé qu’aux attentes positives. Qu’en est-il des attentes négatives ?
- Les effets observés par les chercheurs ne sont pas particulièrement puissants, à vrai dire…
- Les effets observés tendraient à s’affaiblir avec le temps, par ailleurs… (cf. les résultats aux tests de QI une année plus tard)
D’autres études ont été menées par la suite. Et ce qu’on peut en retenir, c’est que les prophéties auto-réalisatrices existent bien dans les salles de classe, les laboratoires, ou encore le monde du travail. En revanche, il est bon d’en relativiser leurs fréquences et leurs « puissances» : leurs effets seraient modestes.
D’après une étude (Brophy -1983), les prophéties auto-réalisatrices expliqueraient environ 5 à 10 % de la variance de la réussite des élèves.
Ce qui revient à dire que les attentes des enseignants, de façon générale, ne déterminent PAS FORTEMENT la réussite ou l’échec des élèves.
Leurs attentes n’ont donc pas une influence significative.
Toutefois, cette influence existe bel et bien, et les attentes des enseignants ne sont pas insignifiantes pour autant…
Et surtout, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ces chiffres représentent une moyenne. Autrement dit, l’effet peut être beaucoup plus grand dans certains cas, selon l’élève, l’enseignant et le contexte (la classe, etc.).
Ça, j’en parlerai dans mon prochain article.
Dans mon prochain article, je décortiquerai aussi l’effet Pygmalion, afin de mieux comprendre comment cet effet Pygmalion se produit.
Vous pouvez déjà télécharger la fiche de synthèse que j’ai préparée sur l’effet Pygmalion…
Vous y trouverez des informations dont je n’ai pas encore parlé, par exemple les 4 types de conséquences, et les 3 facteurs qui font varier l’effet Pygmalion… (J’expliquerai ces infos en détail dans les prochains articles.)
Pour télécharger TOUT DE SUITE la fiche de synthèse sur l’effet Pygmalion, laissez-moi votre adresse e-mail et je vous enverrai aussitôt la fiche :